
2022 : dépassement d’une 5ème limite planétaire
Limite "pollution chimique" - décryptage et explication
Le 18 janvier 2022, des scientifiques du Stockholm Resilience Center (SRC) ont annoncé que nous avions franchi une 5ème limite planétaire, celle de la pollution chimique. Il s’agit de la 5ème des 9 limites planétaires identifiées.
Qu’est-ce qu’une limite planétaire ?
En 2009, Johan Rockström et 28 scientifiques internationaux ont identifié les processus qui régulent la stabilité et la résilience du système Terre, et ont déterminé une mesure quantitative des frontières planétaires dans lesquelles l’humanité peut continuer à se développer et à prospérer. Il s’agit de limites au-delà desquelles les capacités du système Terre à absorber les conséquences des activités humaines sont compromises, et l’avenir de l’humanité avec. En rouge apparaissent les limites dépassées en 2015 :
Source : figure traduite depuis Steffen et al., 2015 ; Planetary boundaries: Guiding human development on a changing planet, Science
Traduction : Bon Pote, l’économie du Donut
Franchir ces frontières écologiques revient à dépasser la limite de durabilité de notre environnement. Ce phénomène devrait nous motiver à modifier nos modes de production/consommation.
Quelques subtilités importantes à retenir :
- Le SRC explique qu’il semble «plus judicieux et prudent de définir des frontières planétaires (c’est à dire une zone de risque accru) que des limites (point de basculement radical) car les points de rupture sont imprévisibles, voire pratiquement inexistants dans la plupart des cas.
- Aspect systémique : les processus de régulation interagissent et la perturbation de l’un affecte la régulation et/ou la résilience des autres.
La 5e limite planétaire : “pollution chimique”
La cinquième limite planétaire à être officiellement dépassée est celle qu’on appelle la pollution chimique. C’est grâce aux travaux de Kate Raworth (théorie du donut) que les chercheurs ont réussi à quantifier la pollution chimique, ou “l’introduction d’entités nouvelles” dans la biosphère et ont pu conclure qu’une nouvelle limite planétaire avait été franchie. Sur les réseaux sociaux, la communauté scientifique a unanimement alerté sur la gravité de la situation. Olivier Fontan, ancien directeur exécutif du Haut Conseil pour le Climat, est sans équivoque : “on meurt étouffés de nos produits chimiques et plastiques”. Voici le nouveau graphique mis à jour :
Source : Stockholm Resilience Center, jan. 2022
Traduction : Sydney Thomas pour Bon Pote
Pour donner un ordre de grandeur :
- Il existe aujourd’hui environ 350 000 types de produits chimiques différents sur le marché. Leur volume de production a été multiplié par 50 depuis les années 1950 et pourrait encore tripler d’ici 2050.
- La masse du flux de plastique actuellement sur Terre équivaut à plus du double de la masse de tous les mammifères vivants, et environ 80 % de ces plastiques restent dans l’environnement.
- Les plastiques contiennent plus de 10 000 autres produits chimiques. Leur dégradation environnementale crée donc de nouvelles combinaisons de matériaux et des très grands risques environnementaux.

Certains de ces polluants se retrouvent dans le monde entier, de l’Arctique à l’Antarctique, et peuvent être extrêmement persistants. Nous disposons de preuves accablantes de leur impact négatif sur les systèmes terrestres, notamment la biodiversité et les cycles biogéochimiques.
Bethanie Carney Almroth - Professor of Ecotoxicology at University of Gothenburg