Selon le rapport “Amazonia against the clock” publié en septembre par l’initiative “Amazonia for Life”la forêt amazonienne aurait atteint son point de bascule : la perte de 25% de la surface de la forêt amazonienne

À cause de la déforestation et du dérèglement climatique, l’Amazonie a connu de nombreux incendies ces dernières années. Depuis début septembre, environ 3000 incendies par jour se déclarent, soit un départ de feu toutes les deux minutes

En 4 ans seulement, la déforestation a atteint plus de 75% par rapport à la décennie précédente. 

 

Que veut dire « point de bascule » / « point de non retour » de la forêt amazonienne ?

La forêt amazonienne a sa propre biodiversité, un climat équatorial (chaud et humide) qui héberge plus d’une espèce sur 10 connues sur Terre.

Le point de bascule correspond au moment où, à cause de la déforestation, les 25% de la forêt amazonienne disparue ne sont plus en capacité de se régénérer. Dans un futur proche, le climat va devenir de plus en plus sec et la forêt pourrait se transformer en savane. Cela marquera également un point de non-retour pour la faune et la flore locales qui périront à cause du dérèglement climatique (hausse des températures, la montée des eaux, une augmentation des maladies…). 

De plus, les précipitations sont en partie liées aux forêts, et leur intensité diminue à mesure que la déforestation augmente. En conséquence, c’est la sécheresse qui augmente, et la forêt restante risque de ne plus avoir suffisamment d’eau pour se maintenir et se renouveler. Outre le maintien de la flore amazonienne, on observe une raréfaction des ressources en eau douce. En effet, la forêt amazonienne serait liée au fonctionnement de plus de 10% du stock mondial d’eau douce. Si la première meurt, le second se tarit, et les stress hydriques s’intensifient.

 

Quelles sont les causes de cette déforestation ? 

  • L’agriculture : l’élevage bovin, la production de soja destiné à nourrir les animaux d’élevage, la production d’huile de palme, de cacao ou encore de caoutchouc.
  • La construction d’infrastructures : autoroutes, de chemins de fer, méga-barrages….
  • L’industrie minière : destruction et pollution de l’environnement via les mines et les puits.
  • Le commerce du bois : le trafic de bois illégal pèse près de 150 milliards de dollars par an, soit environ 10% du marché mondial.

 

Pourquoi devrions-nous nous en préoccuper alors que l’Amazonie est à 8400 km de chez nous » ? 

Avant, la forêt amazonienne absorbait la totalité du CO2 qu’elle rejetait et constituait, avec les océans et l’atmosphère, les poumons de la Terre.

Or, l’une des pratiques les plus répandues dans la déforestation est l’incendie, ravageant rapidement et à moindre coût économique les écosystèmes locaux jugés moins rentables que les plantations d’huile de palme ou de soja. La quantité de CO2 générée par la combustion de la flore amazonienne est aujourd’hui supérieure à la quantité assimilable par la forêt restante. Le poumon vert n’est donc plus en capacité de compenser ses propres émissions, encore moins les émissions mondiales.

 

 

Quelles solutions ?

Dans son article sur le sujet, Bon Pote propose plusieurs solutions pour esquiver ce fameux point de bascule :

  • Réduire l’agriculture intensive commerciale, la commercialisation et la consommation de produits qui en sont issus,
  • Réduire l’exploitation minière et forestière, privilégier les exploitations locales et régénératives,
  • Réduire les émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts en attribuant une valeur monétaire au carbone stocké dans les forêts afin d’inciter les pays en développement à les préserver tout en favorisant un développement économique respectueux et durable.
  • Réguler la finance, notamment le trading des matières premières. 
  • Réguler les chaînes d’approvisionnement afin qu’elles deviennent transparentes et traçables à 100% pour le consommateur. En exclure les producteurs qui prennent part à la déforestation, notamment Cargill, JBS et Marfrig.

Pour aller plus loin, Acts and Facts vous conseille le film documentaire Poumon vert et tapis rouge. Réalisé tel un thriller, le documentaire permet, étape par étape, d’aborder des causes majeures de la crise environnementale comme la déforestation ou la surexploitation dans la forêt Amazonienne, le poumon vert de notre planète à bout de souffle.

 

 

 

Un cadre législatif qui évolue 

Le 13 septembre, quelques jours après la sortie du rapport, le parlement européen a voté un règlement historique. “Les entreprises européennes importatrices de viande, soja, maïs, huile de palme, café, cacao, ou encore caoutchouc devront veiller à ce que ces produits ne soient pas issus de la déforestation ou de la dégradation de forêts ou de terres boisées. Les institutions financières devront également veiller à ce que leurs activités ne contribuent pas à la déforestation” comme l’indique Novethic. 

Une réglementation qui change la donne quand on considère que “la consommation européenne est à l’origine de 16 % de la déforestation mondiale par le biais des importations, faisant de l’Union européenne le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine.”

Sources :