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La Convention des Entreprises pour le Climat (CEC)

Clôture… et suites

La Convention des Entreprises pour le Climat s’est déroulée de septembre 2021 à juin 2022, rassemblant 300 dirigeants de 150 entreprises. 

Fin octobre a eu lieu la cérémonie de clôture officielle. Retour sur cet évènement et la suite amorcée, avec Yannick Servant, co-fondateur de la CEC.

 

Avant de plonger dans la lecture de cet article, nous vous proposons un retour sur image qui vous donnera la tonalité de ce qui a été vécu. 

 

Yannick, avec les autres co-fondateurs et les bénévoles, tu as conçu et animé ce parcours. Peux-tu nous dire ce qui en est ressorti ? 

Il en est d’abord ressorti le chemin extraordinaire et personnel parcouru par les participants, leur mise en mouvement intérieure, et leur envie chevillée au corps de s’engager à travers leurs activités.

Il en est aussi ressorti 150 feuilles de route de redirection écologique pour ces entreprises, qui sont aussi  150 porte-étendards de la transition. 

Les participants, conscients de la nécessité d’une transformation systémique, ont également formulé des propositions, travaillées collectivement, à destination du monde politique. 

Et d’un point de vue plus large, la CEC et la mise en route de ces dirigeants, contribue à impulser un mouvement de grande bascule de l’économie vers la régénération.

 

La clôture de la CEC a eu lieu fin octobre. Y a-t-il une suite ? 

Oui il y a une suite et elle est déjà bien amorcée. 

La première suite concerne les parcours CEC. Après le parcours initial, des dirigeants participants ont rapidement souhaité partager cette aventure incroyable avec d’autres entrepreneurs. Il y a eu une première réplication à Grenoble, puis avec vous à travers Cap 1.5, et nous accompagnons désormais la réplication de la CEC sur les territoires. Les démultiplications du parcours initial fédèrent de plus en plus de monde, participants comme organisateurs et ces nouveaux collectifs font grandir l’écosystème CEC.

A ce jour, il y a déjà 5 réplications en cours de recrutement de participants, et 8 autres en phase d’amorçage en France et bientôt en Belgique, en Suisse et au Luxembourg.

Notre objectif est d’engager le plus d’entreprises possibles dans ce mouvement pour rendre cette grande bascule irrépressible, au sens désirable et dont on ne peut résister.

 

Et pour les participants de la première CEC, quelle suite ? 

Chaque entreprise a sa feuille de route entre les mains. Certains ont déjà entrepris des renoncements forts sur des segments de marché qui ne correspondent pas au régénératif. 

Nous sommes aussi en train de lancer une communauté d’alumni. La grande majorité des entreprises et des participants souhaitait poursuivre le chemin vers le régénératif en restant en lien et en se soutenant les uns les autres.

La force de la CEC est l’aide qu’elle apporte aux entreprises pour sortir du triangle de l’inaction et  se mettre en mouvement. 

 

Et tu as parlé de propositions au monde politique, comment cela a-t-il été reçu ? 

Nous sommes en contact depuis plus d’un an avec le Ministère de la Transition écologique, et depuis quelques mois avec Bercy. 

Nous avons remis les propositions co-construites par les dirigeants. 

Nous avons également été invités à rejoindre le Conseil National de la Refondation Climat et Biodiversité, dans lequel nous portons haut et fort les ambitions des dirigeants de la CEC, en matière d’évolutions réglementaires.

 

Ça fait beaucoup d’initiatives en cours. Avez-vous d’autres rêves pour la suite ? 

Notre vision est en pleine construction et nous nous sommes déjà organisés pour faciliter les premières démultiplications en France et au-delà.

Nous avons une échéance en vue, 2030,  celle d’engager un maximum d’entreprises à opérer leur modèle d’affaires en maintenant et régénérant le système Terre, en prenant soin des Hommes, en les accompagnant et en pilotant et partageant les Valeurs créées.

Pour la suite, nous voulons déployer au plus grand nombre la méthode CEC, nous voulons être en soutien de toutes les nouvelles CEC qui s’organisent dans les territoires ou par secteur thématique, nous voulons former un maximum de personnes qui vont porter et accompagner ces projets dans le monde de la transition et nous voulons poursuivre à aller plus loin en participant activement à des travaux de recherche et des expérimentations.

Notre rêve, c’est d’engager un maximum de dirigeants et de décideurs dans la redirection de leur modèle d’affaires vers la régénération. Et pour cela, nous travaillons avec exigence, bienveillance, courage, humilité et bien sûr en coopération avec beaucoup d’autres acteurs de la Transition. 

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La démarche biodiversité de United.b

Charles Vielvoye nous présente la démarche biodiversité de United.b...

Charles Vielvoye, responsable biodiversité chez United.b, nous présente la démarche biodiversité qu’est en train de prendre United.b :

 

Qu’est-ce qu’on entend par « Biodiversité » ?

La biodiversité est l’interaction entre trois diversités :

     ➡️ la diversité des écosystèmes, soit les milieux où interagissent le vivant et le non-vivant

     ➡️ la diversité génétique des espèces, leur permettant notamment une meilleure résistance aux maladies (ex : si une plantation de blé n’a qu’un seul et même gène, elle ne peut résister face à une épidémie ravageant ce gène)

     ➡️ la diversité des espèces

La biodiversité apporte un ensemble d’apports appelés « services écosystémiques », dont les matières premières utilisées par le groupe pour la production de ses produits.

 

Pourquoi United.b s’est intéressé à l’enjeu de la biodiversité ?

Au début de l’année, United.b a obtenu les résultats de sa première analyse de matérialité. Parmi les 31 enjeux RSE présents, a été observé un signal faible sur celui de la biodiversité. Afin de mieux comprendre la place pertinente à donner à cet enjeu dans nos actions Planet, le groupe s’est acculturé à ce défi planétaire tout au long de la période estivale. Dès les conclusions initiales, nous avons pris conscience des éléments majeurs suivants :

L’enjeu de la biodiversité est aussi important que complémentaire à l’enjeu climatique. D’une façon ou d’une autre, malgré que nos produits soient abiotiques (sur lesquels la vie n’est pas possible), les activités du groupe ont un impact sur l’érosion de la biodiversité, et donc la dégradation de ses services écosystémiques. De plus, sur l’illustration suivante, indiquant l’état des différentes limites planétaires, on voit que le phénomène d’érosion de la biodiversité se trouve à un stade encore plus critique que celui climat.

Les rapports récents de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale de la biodiversité et des services écosystémiques) et du GIEC de la biodiversité détaillent cinq facteurs de pression principaux provoquant la dégradation de la biodiversité :

1️⃣ La destruction des habitats

2️⃣ La surexploitation des ressources naturelles

3️⃣ Le changement climatique

4️⃣ Les pollutions (chimique, physique, sonore, lumineuse, etc.)

5️⃣ Les espèces exotiques envahissantes

À ce jour, les deux premiers facteurs sont à l’origine de la moitié de cette dégradation.

 

Comment United.b va commencer à agir pour la biodiversité ?

Tout comme pour le sujet climatique, la première action essentielle est de mesurer l’empreinte du groupe sur cet enjeu et déterminer les origines de cet impact afin de définir la trajectoire et plan d’actions. C’est ce que s’est donné comme ambition United.b pour 2023.

Depuis 2020, des outils de mesure permettent aux entreprises de mesurer leur empreinte biodiversité. Parmi ceux-ci, un semble se démarquer : le Global Biodiversity Score. Déjà utilisé par Décathlon et ADEO pour leur première empreinte biodiversité, il permet avec une série de données de déterminer le niveau de contribution de nos activités aux cinq facteurs de pression ci-dessus. Un prochain article vous détaillera le fonctionnement de cet outil et de sa métrique, à savoir le MSA.

« Afin de s’assurer de la qualité et complétude de cette première mesure d’empreinte, nous avons décidé de nous entourer d’une structure accompagnatrice formée à cet outil. Cette collaboration aura pour livrables la mesure, la définition d’une trajectoire et d’un plan d’action aussi pertinents qu’ambitieux, au regard du résultat de notre empreinte.

Également, avec les entreprises de l’écosystème déjà embarquées sur le sujet, nous avons décidé de nous réunir en janvier prochain ; avec pour but commun d’accélérer la prise de conscience et le partage de connaissance au sein de l’AFM sur ce défi majeur qui concerne tout le monde. »

Charles Vielvoye, responsable biodiversité, chez United.b

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L’analyse de matérialité United.b

Charles Vielvoye nous dévoile la méthode de l'analyse de matérialité, et donne les résultats pour United.b

C’est quoi une analyse de matérialité ?

Le terme matérialité est l’adaptation de l’anglais materiality désignant « pertinence ». Il correspond au principe de priorisation des enjeux : sont-ils suffisamment importants pour qu’il faille les couvrir ? L’analyse de matérialité est un outil de construction d’une stratégie RSE se matérialisant de trois façons :

  • un dialogue avec les parties prenantes de la structure concernée
  • la revue critique de la stratégie RSE existante
  • la rédaction de livrables structurants.

 

Comment s’est construite l’analyse de matérialité chez United.b ?

En collaboration avec un cabinet de conseil et l’aval d’un COPIL constitué de membres RSE de la holding et des enseignes du groupe, l’analyse de matérialité s’est faite en 4 étapes ci-contre.

L’analyse de matérialité est un pas significatif, en anticipation de la future réglementation européenne de la double matérialité, obligeant les entreprises à croiser la matérialité financière (les impacts de l’environnement sur l’entreprise) avec la matérialité ESG (les impacts de l’entreprise sur son environnement).

Les étapes 2 et 3 étant en cours de consolidation, cet article ne présente que la méthodologie et les résultats de l’étape 1.

 

Méthodologie de l’étape 1

Pour une première analyse de matérialité, United.b s’est concentré sur les 31 enjeux RSE suivants :

Ce choix s’est fait selon la norme ISO 26000, les tendances du marché, réglementaires, d’actualités et l’expertise du cabinet de conseil.

Le challenge de notre démarche RSE existante s’est fait de 3 façons :

Le diagnostic du cabinet de conseil partenaire avec 3 niveaux de maturité : élevé (politique structurée, indicateurs de suivi, objectifs ambitieux), moyen (actions mises en place, sans stratégie structurée), faible (peu ou pas d’informations)

Un benchmark sur 5 entreprises concurrentes ou équivalentes : Décathlon, Amazon, Mediamarkt, Groupe Seb, Fnac-Darty.

La consultation de nos parties prenantes internes et externes afin de connaître leurs attentes. Le questionnaire avait une double notation sur 5 points : noter l’importance de l’enjeu et l’impact de l’enjeu.

 

Résultats de l’étape 1

Diagnostic & maturité

Le résultat du diagnostic de maturité de United.b pour les enjeux Planet est le suivant. Au regard du benchmark, ce niveau de maturité est conforme à celui du marché. En revanche, seulement 4 enjeux sur 13 ont une maturité perçue élevée chez United.b, et 2 enjeux sont en-dessous de la moyenne du marché : eau & énergie et offres alternatives.

Ce comparatif amène naturellement à la question de la priorisation de l’action. La consultation est justement l’une des clés de lecture pour définir cette priorisation, grâce à la matrice de matérialité.

La matrice de matérialité

Cette matrice de matérialité illustre l’importance et l’impact moyen donné par les parties prenantes internes en abscisse et externes en ordonnées, et ainsi permet de voir : l’écart de perception entre les deux parties, et le niveau d’attention de chacun.

La zone orange foncé correspond aux enjeux “top”. On remarque que 7 d’entre eux sont des enjeux Planet. On y retrouve l’écoconception et la fin de vie des produits, des enjeux à fort impact environnemental et pour lesquels United.b a une maturité élevée.
Concernant la zone bleue, ces enjeux ont des notes basses pour différentes raisons : soit l’attente par nos parties prenantes est faible, soit l’enjeu est déjà bien adressé par le groupe. C’est le cas pour le dialogue social et la diversité et inclusion.

L’écart de perception

Nous constatons d’abord un alignement majoritaire sur 17 enjeux, entourés en bleu. Ensuite, des zones d’écarts (violettes) apparaissent selon les besoins et les typologies d’acteurs (ex : les enjeux sociaux sont plus forts pour les parties prenantes internes). En revanche, nous considérons celles aux extrémités comme des signaux faibles à prendre en compte prochainement.

Grâce à cette analyse de matérialité, United.b a pu ces derniers mois construire un positionnement RSE complet avec un nouveau pilier pour notre stratégie Planet : la biodiversité. Pour renforcer ce positionnement, nous nous assurons désormais que chaque pilier agisse au niveau de l’entreprise, de son offre (produits et services) et pour la société. Ainsi, notre future feuille de route RSE répondra aux attentes de l’ensemble de ses parties prenantes.

Charles Vielvoye - responsable économie circulaire pour United.b

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Le jean made in france débarque avec le Fashion Cube Denim Center

Visite des lieux et explications du projet avec Christian Kinnen, Directeur Général du Denim Center.

Le 5 avril 2022, Fashion Cube inaugurait le Denim Center à Neuville-en-Ferrain (59), une usine de 3100m2 destinée à la production locale de jeans 100% made in France. Ce projet n’est que le premier d’une potentielle série d’usines, dans l’optique d’une réindustrialisation de la production de textile en France.

La création de cette usine, basée sur un ancien site de la marque Pimkie, constitue un investissement total de 3 millions d’euros, assumé par Fashion Cube et soutenu par les instances locales et régionales. Sa performance énergétique est assurée par une structure permettant de bénéficier d’inertie thermique, et l’ensemble des l’électricité utilisée dans l’éclairage et l’alimentation des machines est 100% renouvelable.

Au-delà d’un projet privé, l’usine est également un vecteur d’emploi et d’insertion pour la population locale. Les ouvriers et ouvrières travaillant à la production des jeans sont appelés les jeaneurs et les jeaneuses. Ce nom remplace l’appellation ouvrier, trop souvent dévalorisée dans l’opinion publique. Cependant, Christian Kinnen sensibilise les visiteurs sur ce point : ouvrier vient du mot œuvre, c’est celui ou celle qui réalise une œuvre. En témoigne l’appellation reconnue Meilleur ouvrier de France. Ensemble, ces hommes et ces femmes produisent 1000 jeans par jour.

De plus, l’atmosphère de travail qui plane dans l’usine est joyeuse, on sent par leur accueil chaleureux le plaisir et la fierté des jeaneurs et jeaneuses de mettre leur savoir-faire au service de ce projet. Leur intégration et leur formation s’est étalée sur plusieurs semaines et s’est appuyé notamment sur des exercices de créativité manuelle et d’intelligence collective. C’est à ce moment-là qu’ils ont d’ailleurs défini ensemble les règles de vie de l’usine, chacun pouvant faire valoir son opinion et ses besoins.

Qui dit réindustrialisation locale dit (re)monté en compétence. En effet, les savoir-faire délocalisés il y a quelques décennies afin d’optimiser les coûts de production sont aujourd’hui à réapprendre pour l’industrie française. De plus, l’expertise (re)développée par le Denim Center doit reposer sur un modèle économique pérenne. Ce défi ambitieux est notamment relevé par l’entreprise via l’automatisation d’une partie de la chaîne de production. En effet, l’assemblage d’un jeans demande 40 étapes et les machines, pilotées par les jeaneurs et jeaneuses, permettent d’atteindre les objectifs de rendement quotidiens. Un exemple ci-contre de l’une des opérations complexe pour l’Homme, mais exécutée en quelques secondes par la machine.

 

À qui est destinée la production du Denim Center ?

Le premier commanditaire de l’usine est la marque de prêt-à-porter masculin Jules, pour le futur modèle Cinq Neuf, vendu 59,59€, seulement 10€ plus cher que les jeans importés vendus actuellement par la marque. À ce prix, le Denim Center propose des produits à un prix bien inférieur aux prix du marché du made in France, sur lequel on trouve des jeans entre 90€ et 200€.

En effet, en plus de relocaliser la production, l’objectif du Denim Center est de proposer ses produits au plus grand nombre, et non de lancer une gamme de jeans de luxe. À l’instar du modèle fordien, l’usine veut produire des jeans que ses jeaneurs et jeaneuses aient les moyens d’acheter ensuite.

La production est d’abord destinée à approvisionner les marques du groupe Fashion Cube, notamment Grain de Malice et Bizzbee. Il s’ouvrira ensuite à d’autres marques extérieures au groupe, et pourra même ajouter d’autres produits à son catalogue, comme le sweat-shirt, le t-shirt ou encore le pantalon chino.

 

Quels sont les enjeux portés par le Denim Center ?

L’industrie du textile est la seconde industrie la plus polluante à l’échelle mondiale.

Le denim est le tissu le plus utilisé au monde et représente 35% de la production mondiale de coton, avec son lot de pesticides et de détérioration des sols. La culture du coton consomme également énormément d’eau. La production d’un seul jeans nécessite au total entre 7 000 et 10 000 litres d’eau.

De plus, un jeans peut parcourir jusqu’à 65 000 km de la production du coton à nos armoires, en passant par la filature du coton, sa teinte, la production du denim, l’assemblage du jeans et l’expédition des usines étrangères aux entrepôts de stockage, avant d’être redistribué en magasin.

Pour répondre à ces enjeux, le Cinq Neuf produit pour Jules est produit en toile 100 % recyclée, qui se compose de 81 % de coton recyclé, de 17 % de polyester recyclé et de 2 % d’élasthanne recyclé. Par l’utilisation de tissu recyclé en tunisie, les matériaux parcourent beaucoup moins de kilomètres. C’est évidemment le cas aussi de la distance qui sépare l’usine des points de vente finaux, étant donné que l’assemblage est français.

Concernant la consommation d’eau, le processus permet d’en utiliser 6 fois moins en remplaçant la ressource par un traitement à l’ozone et au laser pour délaver le jeans.

Quant au tissu turque, le Denim Center compte mettre en place des solutions de recyclage pour recréer de la matière à partir de vieux vêtements, et entrer dans une démarche circulaire. D’après Christian Kinnen, l’empreinte carbone d’un jeans produit dans son usine est déjà 10 fois inférieure à celle d’un jeans conventionnel.