Parce qu’il n’y aura pas de monde soutenable sans entreprise durable, la 26ème Rencontre des administrateurs de l’AFM a rassemblé près de 200 dirigeants et membres des conseils des entreprises les 20 et 21 janvier pour :

  • s’inspirer et comprendre la problématique environnementale
  • comprendre les nouvelles normes réglementaires et partager les bonnes pratiques en matière de gouvernance durable

 

Vincent Fauvet, gérant AFM et Angélique Gérard, personne qualifiée à la gérance, coordinateurs et animateurs de la rencontre se font les témoins de ces 2 journées et nous partagent ce qu’ils ont vécu.

Vincent, peux-tu nous replonger dans la soirée-débat qui a précédé la rencontre administrateurs ?

Vincent Fauvet

« Nous avons démarré cette rencontre administrateurs par une table ronde structurante et énergisante avec 5 intervenants de qualité pour s’inspirer et comprendre la problématique environnementale :

  • Cédric Ringenbach, créateur de La Fresque du climat et fondateur Blue Choice
  • Monica de Virgiliis, Chair of board Chapter Zero
  • Benoit Leclercq, Président familial Creadev
  • Simon Bernard, CEO et co-fondateur de Plastic Odyssey
  • Philippe Joubert, fondateur et CEO d’Earth on Board et administrateur Voltalia

Une soirée-débat qui résonne comme un appel à l’action des administrateurs ! »

Monica de Virgiliis

“Il y a 2 aspects : l’entreprise impacte le climat et le climat impacte l’entreprise. Le 2ème met en évidence le risque que l’entreprise court parce qu’elle ne s’adapte pas à un monde qui change. En termes de stratégie, il faut donc repenser les fondamentaux de nos business models pour être pérenne”

Monica de Virgiliis - Chair of board Chapter Zero

Simon Bernard

“Prendre conscience, c’est ok. Se mettre en marche demande plus d’efforts”

Simon Bernard - CEO et co-fondateur de Plastic Odyssey

“Pour l’instant, nous sommes des monnayeurs : nous faisons du résultat avec des ressources planétaires qui nous sont comptées. […] Face à l’urgence, le changement est nécessaire. Et il est de la responsabilité légale des conseils de réaliser ce changement.”

Philippe Joubert - fondateur et CEO d'Earth on Board et administrateur Voltalia

« Au-delà des outils de taxonomie, la seule façon de décarboner, c’est d’arrêter de financer ce qui crée du CO2. Il va falloir changer les critères dans les années qui viennent : au lieu de donner des bons points aux bons élèves qui essaient de faire mieux (mais sans pour autant savoir inverser la tendance), il va falloir sanctionner les mauvais élèves. Mais pour cela, il faut du courage !”

Cédric Ringenbach - créateur de La Fresque du climat et fondateur Blue Choice

Benoit Leclercq

“Nous devons nous mettre en conscience pour mieux accompagner les entreprises et accepter certains renoncements pour transformer les business models.”

Benoit Leclercq - Président familial Creadev

Le lendemain, la matinée était consacrée à la responsabilité morale et juridique de la gouvernance sur la dimension ESG.Angélique Gérard

Angélique, quelles bonnes pratiques ont partagé les grands témoins ?

« Le leitmotiv de cette matinée était d’accélérer la mise en marche des conseils en matière de gouvernance durable, car nous n’avons plus le choix, le sujet est urgent.

Le climato-scepticisme est d’ailleurs incompatible avec la fonction d’administrateur ! C’est notre responsabilité d’administrateur de lancer et d’accélérer les choses.

Plusieurs figures du sujet nous ont ainsi partagé leurs convictions.

Edwige Rey, experte des enjeux RSE chez Mazars France, sur des missions d’ordre organisationnel et stratégique, accompagne des grandes entreprises, des PME, des investisseurs institutionnels dans la définition et la mise en oeuvre de leur stratégie RSE, l’identification de leurs enjeux matériels et le déploiement du reporting extra-financier. Mais aussi des missions de vérification de performance extra-financière publiée dans le rapport de gestion et de vérification de l’exécution des objectifs sociaux et environnementaux des sociétés à mission.

Edwige a notamment proposé un décryptage de la complexité de la réglementation, de la Loi Pacte, Sapin 2, du devoir de vigilance, en passant par le Pacte vert pour l’Europe, la protection des lanceurs d’alerte et la montée en puissance des réglementations internationale.

Clara Lorinquer, global leader impacts positifs chez Adeo est venue illustrer comment le reporting vient en soutien de la stratégie de l’entreprise, avec le projet “We make home a positive place to live”. »

“Dans les 5 prochaines années, nous allons avoir autant de réglementations qu’il n’en a eu ces 20 dernières années. Elles vont concerner plus d’entreprises et vont être plus complexes. Il va donc falloir rapidement appréhender ces sujets-là. […]

Nous sommes aujourd’hui sur un exercice stratégique :  mettre le reporting extra-financier en lien avec la stratégie et la transformation du business model. […]

Le top management va devoir réaliser un travail fondamental sur la vision prospective et l’ambition court/moyen/long terme de l’entreprise. […]

Les administrateurs ont un rôle clé pour challenger cette ambition et la performance associée.”

Edwige Rey, experte des enjeux RSE chez Mazars France

“Chez Adeo, nous avons matérialisé l’avancement de notre transformation avec l’identification et la mise en place de 11 indicateurs de développement humain et d’amélioration de l’habitat, tous audités par les commissaires aux comptes.”

Clara Lorinquer, global leader impacts positifs chez Adeo

Vincent, pourquoi et comment allier engagement et réglementation ?

« Parler des nouvelles obligations auxquelles nous allons être confrontés, c’est aussi concrétiser les engagements et les avancées de chaque entreprise.

Il est, par exemple, de la responsabilité du conseil de mettre en place une matrice de matérialité pour cartographier les risques principaux de l’entreprise et des parties prenantes. Et de mettre en place les indicateurs en reflet des principaux risques. 

La gouvernance durable est une responsabilité morale mais aussi juridique. Alors pour aller encore plus loin dans la compréhension de l’évolution de la performance extra-financière de l’entreprise, Nathalie Kestener, experte en compliance et gouvernance est revenue sur la responsabilité et l’apport de durabilité dans la gouvernance au travers :

  • les nouvelles responsabilité de l’administrateur 
  • l’organisation de la gouvernance dans un monde qui change 
  • la valorisation de l’entreprise et de ses parties prenantes (collaborateurs, partenaires et actionnaires)

Pour terminer, Corinne Fernandez Handelsman, board member II Partners et administratrice indépendante depuis plusieurs années notamment chez Ubisoft a partagé en toute transparence son retour d’expérience sur le changement de pratiques dans les boards et la création d’un comité RSE(1) sous l’impulsion du Président du conseil pour muscler le conseil d’administration sur ces enjeux. »

(1) Pour tout savoir sur la création de ce comité RSE et les pistes pour bien le faire fonctionner > https://www.lesechos.fr/thema/articles/comite-rse-retour-dexperience-dune-administratrice-independante-1366107

Angélique, comment les administrateurs présents se sont-ils appropriés concrètement les témoignages pour leur propre champ d’actions ?

« Après les temps de partage de nos invités, nous avons invité chaque administrateur a vivre un temps d’atelier pour réfléchir en sous-groupe et en 3 étapes :

  • réaliser un diagnostic individuel : l’évaluation de mon savoir et de mes compétences pour embarquer ces sujets, mes envies, mes appétences et motivations
  • réaliser l’état des lieux : poser ce qui est réalisé par les instances de gouvernance autour de ces sujets ESG dans l’entreprise que j’accompagne
  • Se mettre en action : comment je m’y prendrai pour une mise en action concrète avec agilité. »

Vincent et Angélique, que devons-nous retenir impérativement de cette RA ?

« Le sujet Ô combien important et urgent n’est plus une option pour le conseil d’administration mais bien une obligation et un devoir de l’administrateur. Nous ne sommes plus dans une dimension de la théorie et incantation mais dans la dimension de l’action. 

Si nous devions retenir quelques postures de l’administrateur pour son prochain conseil, nous l’inviterions à questionner :

  • Est-ce que l’entreprise que j’accompagne a écrit son utilité au monde ?
  • Est-ce que j’ai cartographié les risques de l’entreprise ?
  • Est-ce que j’ai une feuille de route ? Comment je vais l’écrire pour traiter ces enjeux de manière positive ?

Pour que la stratégie de l’entreprise soit unique, puissante et concrète, elle doit intégrer concrètement les impacts ESG dans toutes les dimensions de l’entreprise, dans les processus de prises de décision, les feuilles de route des dirigeants, des communications des entreprises et des ordres du jour des conseils. »